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Budget fédéral : rompre avec l’austérité qui tue

12 mars 2013

  • Guillaume Hébert

Nos collègues du Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) publient aujourd’hui leur Alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral (ABGF). Chaque année, cet exercice rigoureux, fruit d’une collaboration entre de nombreux économistes et groupes progressistes, permet de formuler une vision fort différente de celle que nous offre le gouvernement sur le budget fédéral à adopter.

Par le passé, il est arrivé que le budget alternatif du CCPA relève davantage d’ajustements progressistes que d’une alternative construite sur une analyse complètement différente de la conjoncture économique. Pour une deuxième année de suite, l’ABGF diverge complètement du ministre des Finances fédéral sur la voie à suivre en cette époque de relative stagnation économique.

En effet, le CCPA déplore l’approche conservatrice, celle d’une austérité qui « tue » la croissance. Il propose au contraire d’utiliser les outils fiscaux pour hausser les revenus de l’État et investir massivement ces nouvelles ressources pour résorber tous les déficits “sociaux” que cumule le Canada depuis quelques années, voire depuis le milieu des années 90. Infrastructures, conditions de vie des autochtones ou des aînés, lutte à la pauvreté et aux inégalités, etc. Les 27 chapitres de l’ABGF propose un ensemble complet de mesures pour répondre à ces besoins parfois urgents et parfois tout simplement plus intelligents que ce que nous sert le gouvernement Harper.

Le pari n’est pas si risqué. Plutôt que de gouverner les finances publiques en vertu des dogmes néolibéraux qui imposent une douloureuse saignée des services publics dont bénéficie la population, et plutôt que de garder la tête basse et s’obstiner à ne pas voir que l’Union européenne nous fournit chaque jour de nouveaux exemples du caractère dangereusement contre-productif de l’austérité, l’ABGF entend relancer véritablement l’économie et faire bénéficier à tous et toutes du processus de relance et des retombées qui en découleront.

Selon les projections du scénario macroéconomique associé à l’application des mesures de l’ABGF, le gouvernement n’aurait besoin que d’une année de plus que ce qui est prévu actuellement par le ministre Flaherty pour équilibrer le budget. Flaherty vise l’exercice 2014-2015, l’ABGF 2015-2016. Et pendant cette période, la dette exprimée en pourcentage du PIB ne cesse de se réduire, grâce à la croissance.

Pour générer des nouveaux revenus, il est proposé de rétablir progressivement le niveau de taxation des sociétés tel qu’il était avant les coupures de Harper qui, rappelons-le, n’ont pas servi à relancer l’économie canadienne mais bien aux entreprises d’empiler d’immenses liquidités. L’ABGF se propose également d’ajouter un palier d’imposition (35%) pour les revenus de plus de 250 000$, de taxer les capitaux qui transitent vers les paradis fiscaux et même d’imposer une nouvelle taxe sur l’héritage en ce qui a trait aux patrimoines qui s’élèvent à plus de 5M$.

À cet effet, comme l’IRIS, le CCPA cherche à développer des politiques publiques qui abordent de front le thème des inégalités qui suscite de plus en plus le mécontentement de la population, notamment depuis la dernière crise économique.

Les choix contenus dans un budget n’ont rien d’une fatalité. Il est bon de le rappeler dans un contexte d’austérité où l’objectif d’un brusque retour à l’équilibre budgétaire, par le biais quasi unique de la compression des dépenses, fait office de véritable dogme et ne sert que des intérêts politiques de courte vue.

D’ailleurs, Québec semble justement souffrir du même aveuglement qu’Ottawa…

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