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Danger: austérité

5 mars 2012

  • PB
    Pierre Beaulne

Les politiques d’austérité budgétaire mises en œuvre par plusieurs gouvernements dans le but de contrer la hausse de l’endettement public suite à la crise financière et économique de 2008-2009 ont plutôt pour effet de freiner l’élan de la reprise et d’alimenter une spirale récessionniste à l’échelle planétaire. Bilan : non seulement l’état des finances publiques continue-il à se détériorer, mais le chômage se répand tandis que les crises sociales et politiques éclatent un peu partout.

En effet, ces politiques sont le contraire des politiques de stimulation. Elles consistent à couper dans les dépenses publiques, tout en augmentant les prélèvements fiscaux. Comme la saignée dans l’ancien temps, ces politiques retirent des ressources du circuit économique, affaiblissant un patient déjà anémique. La contraction économique qui en résulte fait en sorte que les ratios d’endettement continuent à augmenter et que les cibles budgétaires ne sont pas atteintes. Cette situation appelle de nouvelles mesures de rigueur, et ainsi de suite, jusqu’à la ruine collective, comme en Grèce.

Les mesures d’austérité prennent la forme de réductions d’effectifs dans les services publics, de compressions salariales et autres récupérations chez les fonctionnaires, de privatisations d’actifs, ainsi que le laminage des protections sociales : amputation des retraites, diminution du niveau ou de la durée des prestations de chômage, familiales ou d’autres prestations sociales, etc. Les dégâts sociaux infligés sont énormes. Outre l’accentuation des inégalités, ces mesures ont des effets particulièrement préjudiciables pour les salariées et salariés plus précaires, les femmes, les jeunes et les catégories sociales les plus vulnérables.

Pour plusieurs pays, où le piètre état des finances publiques se conjugue avec des perspectives de croissance économique molle, voire nulle, en raison des problèmes internes ou externes de compétitivité, la prescription néolibérale est encore plus radicale.  Au régime minceur imposé à l’État vient s’ajouter une sorte de mise en forme exigée du secteur privé par le biais d’un aplatissement des coûts de main-d’œuvre. C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la réduction de 22 % du salaire minimum en Grèce, ainsi que les projets de libéralisation et de déréglementation du marché du travail au Portugal, en Italie ou en Espagne.

La plupart des gouvernements se résignent à contrecœur à appliquer des plans d’austérité exigés par les marchés financiers. Mais le gouvernement conservateur du Royaume-Uni s’offre plutôt comme la vitrine de « l’austérité expansionniste », une théorie qui repose sur la croyance que les effets négatifs de l’austérité seront largement compensés par les gains découlant de la « confiance » rétablie. Celle-ci serait susceptible d’encourager les consommateurs à dépenser davantage et les entreprises à investir, remettant en marche la roue de l’économie.

Concrètement, qu’est-ce que ça donne ? Exactement ce à quoi on peut s’attendre : un ralentissement économique. Au Royaume-Uni, où la croissance économique était déjà chancelante, l’année 2011 s’est terminée sur une note négative. Ce n’est pas un hasard si la Grèce entame sa cinquième année de récession, tandis que l’ensemble de la zone euro glisse présentement vers la récession, menaçant de faire capoter la reprise mondiale. À telle enseigne que Le FMI a recommandé aux gouvernements d’éviter de durcir leur politique budgétaire à court terme. Les porte-parole d’agences de notation, qu’on ne peut guère soupçonner de gauchisme, ont adressé le même message au gouvernement canadien à quelques semaines du dépôt de son budget. Dans ce cas, leurs propos rejoignent ceux d’économistes réputés comme Paul Krugman, ou Joseph Stiglitz, tous deux récipiendaires du prix Nobel d’économie, qui ne cessent de mettre en garde contre les dangers des politiques d’austérité.

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