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D’où vient le profit?

5 novembre 2012

  • Philippe Hurteau

De nombreuses critiques s’élèvent afin de dénoncer les profits faramineux de certaines grandes multinationales ou encore des principales banques au pays. Nous avons l’habitude d’entendre un type de dénonciation de notre modèle économique comme étant un système qui n’existerait que pour le profit et non pour répondre aux besoins de la population. Ce type de critique, quoi que tout à fait légitime, ne parvient toutefois pas à rendre intelligible la question des sources du profit.

Profit et libéralisme classique

La vision classique du profit est assez simple. Le profit consiste en une forme de rémunération variable, au sens qu’elle est incertaine mais espérée, liée au risque pris par le détenteur de capital. En clair, le profit serait la part de rémunération revenant à l’investisseur afin de récompenser sa prise de risque.

Le risque à l’investissement est donc un élément central. L’investissement est compris comme le facteur de production à la base de toute création de richesse. En ce sens, il est normal que la personne qui court le risque de l’investissement puisse en garder les fruits pour elle-même.

Théorie critique : du profit à la plus-value

On le voit, le concept de profit n’aide pas vraiment à comprendre comment se crée la richesse, mais se limite à décrire la forme que prend la récompense de certains acteurs économiques pour avoir été capables d’anticiper plus ou moins adéquatement l’expression sur le marché d’un besoin social potentiellement solvable. Rien donc qui n’informe sur la création de la valeur (richesse) de laquelle le profit est sensément extrait.

Certains économistes, inspirés par la 3e section du livre Le Capital de Karl Marx, tentent de répondre à ce point aveugle de la théorie libérale classique. Tout produit est composé à la fois de capital constant (les machines de production, les ressources utilisées) et de capital variable (la force de travail des salarié-e-s). Si un profit peut être dégagé de la vente d’un produit, c’est parce qu’une fois assemblé, il a une valeur qui excède celle avancée par l’investisseur pour se les procurer.

Ce gain de valeur vient de la capacité du détenteur de capitaux d’extraire un surtravail aux salarié-e-s. Par le concept de surtravail, Marx éclaire en fait la spécificité du rapport d’exploitation économique qui intervient entre des agents qui pourtant sont réputés égaux. Le surtravail consiste alors en la différence entre le temps nécessaire à un salarié-e pour assurer la production et la reproduction de sa propre force de travail d’une part et, d’autre part, le temps de travail effectivement accompli par ce dernier.

Pour le dire schématiquement, le salaire d’un employé-e ne doit pas couvrir l’ensemble de la valeur produite si le capitaliste désire pouvoir tirer un profit de son investissement. Le salaire équivaut donc au temps nécessaire à l’employé-e pour que celui-ci produise le nécessaire à son propre usage (X) et non au temps réel passé au service de son employeur (Y). Le surtravail est la différence existante entre la variable x et y et consiste en définitive en une somme de travail non rémunéré.

C’est la capacité à s’accaparer du surtravail qui permet selon Marx au capitaliste de « créer de la richesse », soit de détenir, à la fin de la production, une valeur non équivalente à son capital de départ. Le profit n’est donc pas le mode de rémunération du risque pris par le capitaliste au moment de l’investissement, mais consiste plutôt en la forme monétaire que prend l’accaparation par l’investisseur de la valeur produite par le travail d’autrui.

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