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Les employé.e.s du secteur public : des gras durs? Vraiment?

28 novembre 2013


On entend souvent dire que les employé.e.s du secteur public sont des gras durs, des privilégiés. Que leurs conditions salariales sont exceptionnelles. En fait, à entendre certains commentateurs travailler pour le gouvernement québécois équivaut à des salaires mirobolants et des conditions de travail hors de l’ordinaire.

Soyons honnête, trouver un emploi au gouvernement est en général une bonne nouvelle. Pour la plupart des gens, ça signifie un emploi relativement stable et relativement bien payé avec de bons avantages sociaux. En fait, les employé.e.s du secteur public québécois sont une bonne part de ce qui constitue la classe moyenne au Québec. Par rapport à l’ensemble de la planète et à bien des gens au Québec (chômeuses et chômeurs, prestataires d’aide sociale, travailleuses et travailleurs précaires, etc.) c’est une position somme toute confortable, on s’entend. Par contre, les employé.e.s de l’État québécois jouissent-ils pour autant de privilèges imposants par rapport aux autres travailleuses et travailleurs du Québec? Le prétendre relève d’un préjugé.

Chaque année, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) compare les salaires des employé.e.s de l’État avec leurs comparables dans le secteur privé et dans d’autres administrations publiques. Chaque année, un rapport sérieux et détaillé met en pièce le préjugé de la situation exceptionnelle des salarié.e.s de l’État. Cette année, c’est la même chose (constatez par vous-même, il est disponible ici).

Au niveau salarial, le portrait est clair. Les employé.e.s du secteur public sont moins bien payés que tout le monde : le privé, le privé syndiqué, le privé non-syndiqué, les autres fonctions publiques (fédéral, municipal, etc.). Face à tous les autres salarié.e.s du Québec les employé.e.s de l’État font un salaire moins élevé de 11,7%. Sur un salaire de 45 000$, c’est 5 265$ de moins par année, ça change un budget. En 2009, cet écart était de 8,7%, c’est donc dire qu’il se creuse.

Par contre, les employé.e.s du secteur public ont des avantages sociaux plus avantageux que bien d’autres salarié.e.s. Si on les inclut dans le lot, la différence de rémunération globale diminue à 8,3% (elle était à 3,7% en 2009). Donc, même en tenant compte des si scandaleux régimes de retraite et des assurances collectives, les employé.e.s du secteur public gagnent moins que les salarié.e.s comparables dans le privé. En fait, dans certains corps de métier la situation est hautement désavantageuse. Par exemple, les ouvrières et ouvriers du secteur public ont une différence de 34,2% de rémunération globale (salaire et avantages sociaux) avec leurs équivalents dans les autres secteurs.

Si on isole les travailleuses et travailleurs qui ne sont pas syndiqués, les salaires sont plus élevés que dans le public, mais les avantages sociaux y sont désavantageux. Au final par rapport à ces salarié.e.s, le public a un avantage de 7,4%. Par contre, face aux employé.e.s syndiqués, ceux du secteur public québécois sont défavorisés de 25,3%, soit plus du quart de leur rémunération.

Bref, quand on se penche sur la question par-delà nos préjugés, on se rend compte que les employé.e.s du secteur public ont des salaires un peu bas, de bons avantages sociaux, mais ne sont pas dans une situation si avantageuse par rapport aux autres employé.e.s du Québec. Leur situation tend même à s’aggraver avec le temps. Des gras durs? Non. Des salarié.e.s normaux, mais de moins en moins bien payés.

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