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Santé : le modèle allemand se frappe à une thèse de doctorat

23 février 2012

  • Guillaume Hébert

L’Institut économique de Montréal (IEDM) a publié mardi dernier une note économique qui suggère que le système de santé allemand montre que « la participation du secteur privé et la recherche du profit » va de pair avec une meilleure qualité et efficacité des soins. L’auteur du document, Frederick Cyrus Roeder, vante le système de santé à deux vitesses de l’Allemagne.

Parmi les avantages présumés du modèle allemand, la note mentionne  la compétition entre les hôpitaux et le financement à travers le financement par activité, la pression qu’exercent dans les hôpitaux privés les investisseurs dans l’attente de rendement, les emprunts par les établissements hospitaliers sur les marchés financiers, etc. Pour l’auteur, ces caractéristiques se traduiraient par des gains d’efficacité au sein du système privé et public.

Malheureusement pour l’IEDM et autres croisés du privé, on pouvait lire hier dans les pages du Devoir que le système de santé du Canada fait plutôt bonne figure au sein d’une liste de 27 pays l’OCDE étudié par le chercheur de santé publique Éric Tchouaket dans le cadre de sa thèse de doctorat.

Au chapitre de l’efficience, Tchouaket ne croît pas qu’il y ait de régime intrinsèquement supérieur du fait d’être public ou privé. Ses recherches l’amènent à conclure que c’est l’attention qu’un système porte aux services de santé de la première ligne qui est la donnée la plus déterminante. Ça repose donc sur l’accessibilité à des soins de proximité, des médecins de famille, etc.

Les meilleurs résultats, selon la thèse de doctorat de Tchouaket, vont à la France et aux pays scandinaves. Ainsi, à l’inverse de ce que porterait à penser la dernière note économique de l’IEDM, les systèmes de santé de la Suède ou la Finlande, presqu’entièrement publics, sont plus performants qu’en Allemagne, un pays où la performance est décrite comme « limitée » en raison du système plus individualiste et où opèrent, comme aux États-Unis ou en Suisse, un grand nombre d’assureurs privés.

En début de semaine, on a eu une autre démonstration des effets contre-productifs du manque de personnel et du parasitage du secteur privé lorsque le ministre Bolduc lui-même a vertement dénoncé les chirurgiens qui mettent la pédale douce sur leurs listes de patients dans le système public afin de les inciter à se faire opérer plus rapidement dans leur clinique privée. Une opération rentable mais, on le devine, peu éthique de la part d’un médecin.

C’est l’un des effets pervers, parmi ceux que l’IRIS identifiait déjà en 2008, qui accompagnent le privé et guettent les Québécois-es si l’on sape le principe d’étanchéité qui existe actuellement et qui ne permet pas aux médecins de pratiquer à la fois dans le régime public et au privé, pour les services assurés par la RAMQ.

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